1) Alors que, tel Janus, je me tourne vers mon passé
J'y vois quelques "artisses plus qu'enclins à m'juger
Quoi que mes progrès fussent, foin de compliments
Je recevais, bien triste, morgue ou bien manquements
S'il est vrai qu'ma technique est toujours perfectible
Plutôt que de vouloir tel un ménechme, imiter
Je fouille mes émotions, y cherche quelque beauté
J'erre pour la mélodie, ô plaisir indicible
P) Et cloitré dans ma cave, bœufant avec des machines
Habituant ma caresse à ces manches de bois
Ma caravane avance, sans que ne me turlupinent
Ceux qui, du haut de leur suffisance, disent de moi:
R) C'est un anachorète
Mi-Anar mi-ermite
Qui en quête de pépites
Se creusait fort la tête
De son ana, l'auteur
Dont les anacoluthes
Piquaient telles des volutes
Les yeux d'ses relecteurs
Ses vers analgésiques
D'essence anatomique
Bien plus qu'analytique
Eloignaient son public
Quand viendra l'anamnèse
Son inédite thèse
On ne verra ses idées
Qu'en tant qu'anatidés
2) Peu souvent je m'attarde pour une pièce un morceau
Préférant tout garder pour la postérité
Je vis l'instant, j'explore, jouis d'sérendipités
Tant pis si pour le marché c'est un peu trop nouveau
Je n'crois pas au succès, inauthenticité
Qui dans le but de plaire l'inédit corromp.
J'accumule ces fragments que sans vergogne, je ponds
Me complais, léonin, dans ma médiocrité
3) Et des années durant, pataugeant dans mon flux
Je subis les brocards de moult m'as-tu-vu
M'invitant à cesser mon laid charivari
En guise de compassion, me servant des lazzis.
Mais à pas de fourmi, sans cesse je progressais,
Pour voir s'améliorer mes concurrents goguenards
Qui sans rétribution en ont finalement marre
Et s'effacent de ma voie faute d'égo satisfait.