1) Amis, gardez-vous bien de la procrastination
Séduisante vamperesse, létale tentation
Comparée aux sirènes à cause desquelles Ulysse
Préférât qu'à son mât le ligotent ses complices
Afin qu'à leurs attraits, résister il puisse
S'abstienne de les rejoindre en plongeant dans l'abysse
La volonté, hélas, parfois se mue en silence
Et ultime substitut, on doit se faire violence
2) Ainsi ma créativité, à l'impulsivité,
Cède et se voit contrainte sa place de céder
à un cortège de bruits, de rien, de vanités
Qui retardent, ralentissent, le flux de mes idées
Dieu sait pourtant que j'bouillonne d'iconoclastes pensées
Conceptions atypiques d'une psyché débridée
Ces couleurs dont mon âme désire parer mon monde
Pourquoi ces distractions entravent-elles ma faconde?
P) Je pense, Je suis,
J'aboie, la caravane passe
L'anthume succès je brigue
Pourvu que ma muse m'instigue
R) Trop facilement je me disperse
Me cloisonne et perds haleine
Rien de pire qu'un simple soupçon
Une étincelle de distraction
3) L'industriosité et la contemplation
Sans répit s'entrechoquent et veulent avoir raison
Jouirai-je enfin de la satisfaction
D'un bon texte arrangé aux petits oignons
Ou connaitrais-je encore en guise d'accomplissement
Ce trompeur plaisir qu'est d'dilapider mon temps?
La fin et les moyens se prouvent mutuellement
Se changer les idées nous prépare mentalement
4) Je peine à établir la limite séparant
Le mélange de devoir et de plaisir que je ressens
Créé-je pour m'affirmer, prouver mon existence
Ou pour tuer l'ennui de chimérique substance
Suis-je éternel tocard, envers moi indulgent
Ou un pygmée, un nain, se rêvant un géant?
Laisse-moi le découvrir en faisant volte-face:
Est-ce un cercle vertueux ou vicieux que je ressasse?
