1) Un pèlerin, la pierre en main
Allait occire une sorcière
Obéissant à son muezzin
Le bras divin, il devait se faire
Mais son regard et celui d'la belle
Un seul instant se rencontrèrent
Dès lors en lui une étincelle
Jaillit, il en lâcha sa pierre
2) "Quel est ce Dieu au nom duquel
Je dois donc frapper ma semblable
à-t-il tant besoin de mon zèle
L'omnipotent, Lui: l'Adorable?
Peut-être est-ce ce vieux barbu
Qui en interprète le verbe
Pourquoi cette femme qui tant me plut
Sa haine autant elle exacerbe?"
3) "Mécréant et chien d'infidèle!
Son commerce avec le malin
Vaut bien plus que l'on la flagelle
C'est noir sur blanc dans mon bouquin
Un grimoire inspiré par Dieu
Celui auquel la vie on doit
Obéis-lui, répand son feu
Ou alors meurs si tu n'y crois!"
4) Tournant les talons il s'en alla
Scié par l'ire de l'"homme de paix"
"Je ne crois pas en cet Allah
Punis sans moi car je m'en vais"
Dès lors par son apostasie
Il signa sa sentence de mort
Car ce n'est Dieu qui choisit
C'est là le rôle du plus fort
5) Ni invective ni coups de fouet
Ne lui firent rebrousser chemin
Alors qu'on dressait son gibet
Ce raisonnement enfin il tint:
"Par le choix de l'éloignement
Je m'offre l'opportunité
Par un chemin bien différent
Dieu peut-être de retrouver"
6) Mais l'ouléma à boût de nerfs
N'accepta pas cette défense
Pour lui, penser mène à l'Enfer
Seule en sauve l'obéissance
"Ne te hasarde pas une seconde
À concevoir différemment
Ta présence dans ce monde:
C'est contre les Commandements"
7) "As-tu si peur que mon errance
Loin de ta foi de ta sagesse
Ne m'ouvre les yeux telle une jouvence
Sur ma décision pécheresse?
Ou n'est-ce plutôt par peur que, libre,
Je n'en vienne à voir ta puissance
Qui ta raison déséquilibre
Et te fait perdre toute décence?"